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Glossaire - Biographies
Crypte - le Suplice- les Abbés
Photos - Cryte

- Abbaye St Victor de Marseille


- Situation
* Pays : France.
* Région : Provence Alpes Côte d'Azur.
* Département : Bouches du Rhône 13.
* Ville : Marseille, 7ème.
* Culte : Catholique Romain.
* Type : ancienne Abbaye.
* Rattaché à : l'Archidiocèse de Marseille.
* Début de la construction : (Vème siècle).
* Fin des travaux : (1365).

- Autres campagnes de travaux
* Destruction du cloître à la Révolution.

- Styles dominants
* Nef : Roman.
* Bas côtés, transept et choeur : Gothique.

- Protection.
* Classé Monument Historique (1840)

- Vème siècle

Au début du (Vème siècle) arrive à Marseille celui qui est peut être le plus grand personnage de son histoire St Jean Cassien. Né en (365) près des bouches du Danube, l'évêque Procule le retient et où il installa la vie monastique sur cette paisible rive Sud du Lacydon. Il construit une petite chapelle, une memoria, sur la tombe des 2 martyrs pour y célébrer l'Eucharistie, sans doute avait il trouvé cet usage déjà en honneur sur ce Martyrium, sur cette confession. Il était traditionnel dans l'Église de joindre au Sacrifice du Christ le sacrifice de ceux qui étaient morts pour Lui, et les tombes sur lesquelles était célébrée la messe étaient toujours des tombes de martyrs. De cette chapelle l'abside a disparu. Un collatéral a été transformé au (XIIIème siècle). On voit à l'entrée de l'autre collatéral un beau rinceau du (Vème siècle), de cet âge Paléochrétien restent de nombreuses traces de vénération et de culte dans ces lieux privilégiés. La petite grotte où des tombes aussi étaient vénérées est ornée de colonnettes, de sculptures, de gravures, figures bibliques, monogrammes du Christ, le tout peut être retouché et complété au Moyen Age.

Un atrium est élevé devant le Martyrium. On y voit encore sous un arc une mosaïque de cette époque. Les colonnes primitives en ont été enlevées après la Révolution pour orner des places ou jardins de Marseille. Il ne reste rien des constructions de ce 1er monastère autour de la chapelle du Martyrium. On y trouvait certainement pour les offices monastiques une église assez grande dont nous avons un témoin admirable, l'autel orné d'une frise de colombes et de pampres qui est aujourd'hui dans la grande chapelle de l'église supérieure, au bas de la nef latérale de gauche.

Au (XVIIème siècle), cet autel avait été utilisé dans la chapelle de la Confession, adossé aux arceaux de l'Est alors noyés dans un mur. De nombreux sarcophages de ces époques ont contenu des restes de Saints personnages, celui de St Cassien, mort en (†435), est d'ailleurs un sarcophage de réinhumation, il est aujourd'hui dans la chapelle du Martyrium. Parmi les plus beaux, citons celui des compagnons de St Maurice et celui de Ste Eusébie à noter que certains de ces sarcophages ont été réutilisés pour ces restes vénérés après avoir été entièrement sculptés pour d'autres défunts.

- VIème au XIème siècle

Epoques obscures. Il fut un temps où les évêques de Marseille avaient aussi la charge de l'abbaye de St Victor, tel St Mauront sous Charlemagne. Au temps des luttes Sarrasines ce fut le déclin, souvent les moines réfugiés dans la ville laissèrent leur monastère à l'abandon.

- Xème siècle St Ysarn

Il faut l'extension de la règle Bénédictine aux moines de St Victor au dernier tiers du (Xème siècle) pour voir la restauration de l'antique abbaye à laquelle les grands Abbés St Wilfred d'abord et St Ysarn surtout, donnèrent un éclat nouveau. Celui ci bâtit l'église supérieure au dessus de l'antique Martyrium et de ses dépendances qui deviennent alors une crypte. Cette église est consacrée en (1040), par Benoît IX, dit on. De ces constructions, il reste certains murs et surtout la tour, dite tour d'Ysarn avec l'admirable Atrium que surmonte les arcs qui supportent l'édifice et qui n'ont pas de clef de voûte.

- Atrium du XIème siècle

Les moines constructeurs reçoivent des matériaux des carrières de la Couronne qui fournissent une belle pierre rose, mais ils utilisent aussi le sol de la vieille carrière locale qu'ils approfondissent en sauvegardant cependant l'antique memorial cette chapelle de la Confession se trouve ainsi sur un socle rocheux de 2 mètres environ, entourée d'un sol fait de déblais. Il ne reste rien de l'abside primitive, pas même les fondations.

St Ysarn meurt en (†1047), il est enseveli dans les cryptes. Son tombeau est orné d'une épitaphe d'admirable facture. C'est peut être de cette époque, où commence à se développer le culte de St Lazare avec celui de sa soeur Ste Marie Madeleine, que date l'étonnante sculpture, buste d'évêque ou d'abbé, qui domine une colonnette de la petites crypte.

- XIIème siècle

N.D. de Confession, c'est une statue de 1a Vierge Marie portant son Fils. Son titre rappelle le lieu de la Confession des Martyrs, le Martyrium. Elle est en bois polychrome au fond vert constellé d'or. Le Fils a les traits majestueux du Maître de l'Univers bénissant et portant le globe. Depuis un temps immémorial on vient vers ces cryptes en pèlerinage, mais N.D. de Confession est surtout honorée lors des fêtes de la Chandeleur où se succèdent le 2 Février, jour de la Purification et les jours suivants des dizaines de milliers de fidèles. On y porte la lumière des cierges, symbole de la Lumière du Christ qui est venu à nous par Marie, sa mère. Le chrétien doit se souvenir qu'il est dans le monde un porte lumière chargé de manifester à travers toute sa vie, le Christ qui a dit, "Je suis la lumière du monde". Ces cierges sont de couleur verte, comme la parure dont est revêtue la statue, peut être parce que jadis les Abbés de St Victor auraient eu le privilège de sceller leurs actes avec un sceau de cire verte, privilège dû à une concession Royale.

- XIIème XIIIème siècle

Les constructions du (XIéme siècle) ont été assez vite en mauvais état, et peut être jugées insuffisantes, la sacristie de St Victor. Le bienheureux Hugues de Glazinis entreprit en (1201) une reconstruction importante, les travaux durent une bonne partie du (XIIIème siècle). Nous lui devons la grande nef de notre basilique qui comporte curieusement une voûte Romane, en berceau brisé alors qu'on attendrait et que peut être on avait prévu une voûte à croisées d'ogive. Les cryptes elles mêmes sont réaménagées. C'est sans doute alors que l'autel de la chapelle de la Confession est placé à l'Est suivant l'orientation Est-Ouest appliquée à l'église supérieure. Un grand arc remplace les petits arcs Ouest de cette chapelle et un gros pilier de l'église, pour s'appuyer sur la construction légère du (Vème siècle), entoure d'un gros contrefort l'angle Nord-Ouest. La physionomie du collatéral de gauche en est transformée. Un bel autel de cette époque se trouve près de l'ancienne sortie de cette église souterraine dans une sorte de couloir où est vénérée la Croix de St André. Mais l'objet particulièrement vénérable qui nous vient de ce même (XIIIème siècle) finissant est la statue de N.D. de Confession.

- l'Abbaye du Pape Urbain V

Au (XIVème siècle), Guillaume de Grimoard, Abbé de St Victor devient Pape en Avignon sous le nom d'Urbain V. Il va faire dans sa chère Abbaye d'importants travaux, l'Abbaye de St Victor. Urbain V entreprend l'agrandissement de l'église dès le mois de Janvier (1363). Le programme d'agrandissement comportait la réfection du transept et la construction d'une abside plus importante, élevée sur l'emplacement de l'ancien cimetière. C'est surtout à ces restaurations que l'abbaye de St Victor, comme toutes les églises fortifiées de Provence, doit son aspect guerrier. L'Abbaye contribuait à la défense du port de Marseille et son système clé fortification fut élevé en harmonie avec celui de la cité.

Un mur clôturait la rive méridionale du port, depuis la chapelle N.D. du Bon Port ou St Nicolas, prieuré de l'abbaye à l'entrée du port, jusqu'à la tour du plan Fourmiguier où il rejoignait les murailles de la ville. Ainsi, St Victor constituait, comme le rappelait le Roi René au pape en (1468), la clef du port et de la ville de Marseille. L'enceinte, détruite en (14I2) par Pierre de Luna, fut remise à neuf à la fin du (XVéme siècle) et détruite en (1660) par Louis XIV, qui faisait bâtir la citadelle St Nicolas.

On peut cependant se rendre compte de son aspect par les gravures du Vieux Port de Marseille au (XVIIème siècle). La moitié Sud de l'enceinte était constituée par une courtine à mâchicoulis, renforcée de tours carrées, la moitié Nord comprenait une courtine dépourvue de tours et de mâchicoulis, simplement crénelée. La partie Orientale, autrefois munie de contreforts réunis par des mâchicoulis arcades et flanqués d'échauguettes à plusieurs étages, offrait quelque ressemblance avec la façade Occidentale du Palais des Papes, construite de (1334) à (1360). A côté de la tour d'Ysarn, qui fut restaurée et relevée, protégeant le côté Oriental de l'abbaye, le plus vulnérable, avait été élevée une tour de défense au dessus du croisillon Nord, c'était le donjon dont la partie supérieure figurée sur d'anciennes estampes, a disparu. Elle fut dotée par Urbain V de 23 cloches.

L'agrandissement de l'abside avait nécessité la destruction de la muraille de défense contre laquelle était adossé le transept de l'église, et dont on voit les vestiges rue de l'Abbaye. Elle joua donc elle même le rôle d'une véritable forteresse, aux murs épais de 3m,25, elle était flanquée de 4 contreforts formant tourelles crénelées, et sa terrasse, protégée par un mur de défense, constituait une salle d'armes supérieure. Le transept est voûté de 3 croisées d'ogive, avec formerets, retombant sur des colonnettes à chapiteaux moulurés. Le croisillon Nord est percé d'un Oculus, celui du Sud d'un arc plein cintre.

Le choeur, précédé d'une travée barlongue sur croisée d'ogive, est ménagé dans un chevet carré, transformé en plan heptagonal par l'artifice de 2 trompes jetées dans les angles, il est recouvert d'une croisée d'ogive. En outre, afin d'éviter un retrait trop accentué entre les 2 tours de la façade Nord, une chapelle fut ménagée contre le mur de la dernière travée de ce collatéral, qui supporta un chemin de ronde faisant communiquer le 1er étage des tours d'Ysarn et d'Urbain V, le pape voulut lui même inaugurer les nouvelles constructions. Il arriva à Marseille à la mi Octobre (1365). Il examina les travaux qu’il avait fait exécuter à St Victor. Les fortifications et les tours crénelées qui encerclaient le monastère lui parurent bien fières à côté de l'église et ne put s'empêcher de dire, "Ils ont fait la maison du serviteur plus belle que celle du Maître." Le 15 Octobre, il consacra le nouveau maître autel.

- † en Avignon

Le Bienheureux pape Urbain V, mort en Avignon le 19 décembre (†1370) fut, suivant son désir, inhumé à St Victor dès (1372). Son renom de sainteté y attira de nombreux pèlerins venant même de lointaines régions, certains ont laissé comme trace de leur passage de maladroits graffiti dans les cryptes, parmi lesquels cette invocation "ORATE P NOBIS 0 STI DEI" - "Priez pour nous, Sts de Dieu", en particulier sur les murs de la Confession. Un tombeau somptueux de style flamboyant fut édifié dans le choeur de l'abside, il sera démonté au (XVIIIème siècle). C'est alors que le corps. du Bienheureux fut placé dans un autre endroit de l'abbaye et depuis les démolitions qui ont suivi la Révolution, nul ne sait où il se trouve.

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