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Glossaire - Biographies
Le Palais-1 - Les Papes - Chronologie
Photos

- le Palais

Le Palais des Papes est le symbole du rayonnement de l’église sur l’Occident Chrétien au (XIVème siècle). Edifié à partir de (1335), en moins de 20 années, il est l’oeuvre principalement de 2 Papes bâtisseurs, Benoît XII et son successeur Clément VI. Le monument constitue le plus important palais Gothique du monde, 15.000 m2 de plancher, soit en volume 4 cathédrales Gothiques, et présente au visiteur plus de 20 lieux, théâtres d’événements au retentissement universel avec, notamment, les appartements privés du Pape et leurs fabuleux décors de fresques exécutés par l’artiste italien Matteo Giovannetti. Le monument offre aussi au visiteur une animation culturelle régulière tout au long de l’année. Expositions thématiques et pédagogiques, visites à thèmes, concerts y sont organisé. Durant la saison estivale une grande exposition d’art occupe la Grande Chapelle, alors que se déroulent les représentations du Festival d’Avignon, créé par Jean Vilar en (1947).

- la Cour d'honneur

Le Palais des Papes est principalement issu de la réunion de 2 palais, le Vieux Palais, construit à l'Est et au Nord par Benoît XII, et le Palais Neuf, édifié par son successeur Clément VI, au Sud et à l'Ouest. A la mort de Benoît XII en (†1342), Clément VI entreprend d'agrandir la résidence de son prédécesseur en achetant, pour les démolir, les immeubles situés au Sud du Vieux Palais qui délimitaient une place publique dénommée place des Cancels. La construction de ces nouveaux bâtiments formera une nouvelle place, la Cour d'Honneur.

- le Vieux Palais

Benoît XII rachète le palais épiscopal transformé par Jean XXII, et entreprend, dès (1335), les travaux. Originaire de Mirepoix, Pierre Poisson réçoit d'abord le titre honorifique d'écuyer, avant d'être choisi comme architecte et maître des oeuvres et édifices du Pape. Les travaux commencent avec la construction de la tour du Pape, tour forteresse de 46 mètres de haut, aux murs épais, conçue pour abriter le Trésor à sa base, et les nouveaux appartements du Pape. Simultanément, il fait agrandir l'église St Etienne, devenue chapelle Pontificale, dénommée Chapelle Benoît XII. En (1337), on édifie l'aile du Conclave, l'aile des appartements privés, aujourd'hui détruite, la tour de l'Etude, le Consistoire et le Grand Tinel, la tour des Chapelles, la tour des Latrines, les Cuisines et le rempart du Jardin. En (1340), sur l'emplacement des appartements de Jean XXII, on fait bâtir l'aile des familiers, l'actuelle tour de la Campane, les galeries du cloître et l'escalier extérieur menant à la chapelle Pontificale. Un rempart crénelé est érigé pour renforcer la porte Majeure.

En 7 ans, les chantiers successifs de Pierre Poisson ont couvert près d'un hectare et utilisé un personnel considérable. En Mai (1337), on dénombre 800 ouvriers sur le chantier du palais. La construction de l'imposante tour de Trouillas, chargée d'assurer la défense de l'angle Nord-Est du palais, dure de (1341) à (1346). Benoît XII ne verra pas son achèvement. Il meurt en avril (†1342), son oeuvre pratiquement réalisée au terme de 7 années de règne, un majestueux palais aux allures extérieures de forteresse, fonctionnel avec ses vastes salles, auxquelles plafonds en bois et charpentes donnent un caractère particulier.

- le Palais Neuf

Issu de la noblesse, Clément VI est un prince fastueux. Elu le 7 Mai (1342), il décide dès l'été d'agrandir le palais de Benoît XII. Le chantier est confié à Jean de Louvres, maître et maçon, originaire du Parisis. De ce dernier, on sait peu de choses, sinon qu'il est nommé maître des oeuvres du Pape et sergent d'armes, et qu'il reste au service de Clement VI jusqu'à sa mort en (†1357).

Dès l'été (1342) est accolée la tour de la Garde Robe contre le mur Sud de la tour du Pape, et la tour des Cuisines est édifiée entre les remparts du Jardin et la tour des Latrines. Cette 1ère tranche de travaux terminée en (1343), le Pape décide d'achever la tour de Trouillas. En (1344), on commence à tailler le rocher pour y poser les fondations de la Grande Audience Mai (1345). Le chantier de la Grande Chapelle, commencé à la fin de (1346), ne se termine qu'en (1351), freiné par l'épidémie de peste de (1348). Jusqu'en (1351), les constructions se succèdent. Le Grand Promenoir, la porte de la Peyrolerie, la tour de la Gâche, et l'aile des Grands Dignitaires, achevée fin (1347).

Côté ville, la porte des Champeaux devient l'entrée principale, percée dans la nouvelle façade. L'aile Ouest, rattachée au palais de Benoît XII, délimite le nouvel espace clos de la cour d'Honneur. Les travaux de l'aile Sud sont achevés depuis un an lorsque Clément VI meurt, le 6 Décembre (†1352). Avec Clément VI, l'élégance Gothique entre au palais. Les croisée d'ogives foisonnent, sculptures, culots de nervure, moulures, viennent orner la pierre. Les murs se couvrent de fresques magnifiques, tandis que le mobilier s'enrichit de tentures murales.

- le Consistoire

Le Consistoire forme le rez de chaussée de l'aile Est du cloître. L'incendie survenu en (1413) a détruit la charpente d'origine ainsi que l'ensemble des décors.

A l'Est, le mur est percé de 4 fenêtres donnant sur les jardins en contrebas. Une baie, plus petite et plus haute, éclaire l'estrade appuyée sur le mur Sud, où siège le Pape, revêtu des habits consistoriaux. L'assistance prend place sur des banquettes de pierre lambrissées, situées le long des murs et aujourd'hui disparues. La salle est utilisée comme tribunal et comme salle d'audience.

Le Consistoire est l'assemblée régulière où le Pape reçoit et délibère des affaires majeures de l'Église, qu'elles soient Ecclésiastiques, Théologiques, Judiciaires ou Politiques. Les réunions se tiennent soit en présence des seuls Cardinaux, c'est le consistoire Secret ou Ordinaire, soit en présence des Cardinaux et de dignitaires Ecclésiastiques ou Laïques, c'est le consistoire Public ou Extraordinaire. C'est ici que l'on instruit et proclame les Canonisations, comme celle de Ste Brigitte de Suède.

Le Consistoire est également le lieu où le pape reçoit Souverains, Légats et Ambassadeurs de toutes Nations. Clément VI y accueille la célèbre Reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence, et son cousin, Louis de Tarente, qu'elle a épousé. Accusée d'avoir comploté la mort de son 1er mari, André de Hongrie, elle s'est réfugiée en Provence et vient plaider sa cause auprès du St Père. Désireuse de se procurer des fonds pour reconquérir son royaume, elle cède la ville d'Avignon au pape, en (1348), pour 80.000 florins.

Sur le mur Ouest, sont présentées des fresques de Simone Martini provenant de la Cathédrale des Doms. Cette salle, enfin, accueille aujourd'hui une partie du tout nouveau Musée de l'oeuvre.

- le Cloitre de St Benoit

Le Cloître de Benoît XII est formé de 4 bâtiments entourant une cour. Les arcades qui retombent sur des piliers massifs dépourvus de sculpture s'ouvrent sur un passage couvert. A l'étage, une galerie éclairée par des fenêtres géminées permet la circulation entre les différents bâtiments, que protègent des créneaux et des mâchicoulis.

L'aile du Consistoire, à l'Est, s'inscrit dans le prolongement des appartements privés. Elle est composée de 2 salles superposées, le Consistoire et le Grand Tinel. A l'arrière du Consistoire, sont aménagées la Bouteillerie et la Paneterie. Au Nord, un couloir mène à la Tour des Cuisines de Benoît XII.

Au Sud, l'aile des Hôtes, ou aile du Conclave, est percée d'un passage voûté, défendu à chaque extrémité par des portes à vantaux et surmonté d'une salle pour la manoeuvre des herses. Elle est composée de 3 niveaux. Le niveau de plain pied avec la galerie supérieure est destiné aux appartements des hôtes de marque. Cette vaste salle de 38 mètres de long que l'on divise par des cloisons amovibles est appelée Chambre de l'Empereur à la suite du séjour de Charles IV de Bohème. Elle est également utilisée lors des conclaves.

Au-dessous de l'appartement des hôtes, à proximité des cuisines, se trouve le logement des panetiers qui se chargent de l'achat des céréales pour la fabrication des pains et des bouteillers qui assurent l'approvisionnement en vins. Le Grand Cellier, situé sous ce logement, occupe tout le rez de chaussée et sert d'entrepôt à vin.

A l'Ouest, l'aile des Familiers est un ensemble de logements destinés à la Curie. Elle compte 2 étages sur rez de chaussée. Elle est flanquée au Nord par la Tour de la Campane et au Sud par un petit campanile où se trouve la cloche d'argent qui annonce les repas, l'ouverture des séances du Tribunal de la Rote et les audiences du Consistoire.

Au Nord, la chapelle pontificale de Benoît XII abritait les grandes cérémonies avant que Clément VI ne fasse édifier la Grande Chapelle. Elle comporte 2 niveaux, ce qui caractérise les chapelles Palatines. La chapelle Basse, ou Obscure, transformée en réserve, cesse vite d'être utilisée pour le culte, tandis que la Chapelle Haute devient la Grande Chapelle. Un escalier de pierre, appliqué à l'extérieur de la galerie Nord, permettait un accès direct au niveau supérieur.

A l'extrémité Ouest de la galerie, un puits antérieur à la construction du Vieux Palais alimentait au (XIVème siècle) la Cour du Cloître et les jardins situés en contrebas du Consistoire.

L'Aile des Familiers et la chapelle de Benoît XII, sont aujourd'hui affectées aux archives départementales, alors que l'aile méridionale est occupée par le Centre International de Congrès.

- le Grand Tinel

La vaste salle du Grand Tinel forme l'étage de l'aile du Consistoire. Le terme de tinel est employé en Italie et dans le midi de la France pour désigner les salles à manger, ou les réfectoires. Tinellum, vient du bas latin tina, qui veut dire tonneau. C'est ici que se déroulent les banquets organisés les jours de fêtes, en particulier lors de la nomination des Cardinaux ou du couronnement d'un Pape. Les jours maigres ou ordinaires, le Pape est servi dans le Petit Tinel.

Cette vaste salle est bien éclairée, à l'Est, par ses 6 fenêtres ouvrant sur les jardins. Sa voûte lambrissée en berceau brisé est une reconstitution des années (1970) et n'offre qu'une pâle idée de ce qu'elle était au (XIVème siècle). En effet, à la demande de Clément VI, on colle alors sur la voûte des toiles de couleur bleue, constellées d'or, figurant une voûte céleste. Ce décor est détruit par l'incendie de (1413), ainsi que les fresques à sujets religieux qui ornaient les murs.

Pour dissimuler les préparatifs aux convives, on élève une cloison, percée de 4 portes dont les appuis sont encore visibles dans les murs, là où se trouve la grande cheminée restituée. Cet espace, appelé Dressoir, communique avec la cuisine. On y dispose les mets dans des plats tenus au chaud devant la cheminée, avant de les servir. Le Maître de salle, le Bouteiller, le Panetier, le Maître de l'eau et plusieurs serviteurs se tiennent là, prêts à intervenir, ainsi que l'Ecuyer tranchant qui s'active à la découpe des aliments.

Les banquets sont ordonnés selon un protocole rigoureux qui régit la place des convives ou la nature des mets, suivant l'alternance des jours gras et des jours maigres. Un Officier tient le rôle de maître de salle et veille à placer les convives plus ou moins près du Pape, suivant leur importance. La table Pontificale est installée sur une estrade, le long du mur opposé au Dressoir. Le Pape y mange seul, assis sur une Cathèdre surmontée d'un dais précieux. Les convives sont installés le long des murs sur des bancs de bois, les Cardinaux à l'Est, les autres invités à l'Ouest. Les tables à tréteaux forment un (U) et le service se fait par le centre de la salle.

Lors des Conclaves, les Cardinaux du Sacré Collège s'isolent pour élire le nouveau souverain pontife. Les 2 arcs, séparant le Grand Tinel de l'appartement des Hôtes et de la Chambre de Parement, sont alors évidés pour leur permettre de disposer de plus d'espace. A l'issue du conclave, les arcs sont rebouchés, les décors peints sont repris et les salles reprennent leur disposition.

- la Chambre du Parement

La Chambre de Parement est située dans l'aile Orientale des appartements privés, au dessus de la Salle de Jésus. C'est l'antichambre de la chambre à coucher du Pape, située au Nord. Le Parement désigne l'ensemble des tapisseries qui décorent les murs et les sièges. Plus tard, la Chambre de Parement sera appelée chambre de Parade. Cette salle est à l'origine couverte d'une charpente en berceau brisé, similaire à celle du Tinel et également détruite pendant l'incendie de (1413). On y trouve une cheminée, un autel, des sièges et 2 candélabres de fer. Le Pape siège sur une estrade, sous un baldaquin.

Sur le mur Est, des vestiges de décors de marbre en trompe l'oeil permettent d'imaginer le riche décor mural de cette chambre. La Chambre de Parement a subi au cours des siècles, de nombreuses modifications, comme le montrent les traces visibles sur les murs. Les 2 niveaux d'arcatures sur les murs Sud et Nord correspondent aux étages que les militaires ont bâtis pour augmenter la surface habitable du palais. Le Pape et les Cardinaux y tiennent des Consistoires secrets. Les personnages importants y sont reçus en audience.

C'est ici que le 4ème Dimanche de Carême le Pape remet la Rose d'Or au personnage qu'il veut honorer, en général un souverain. On conserve au Musée National du Moyen Age à Paris, une Rose d'Or pesant 305 grammes d'or fin et datant du début de la Papauté d'Avignon. Elle se compose d'une branche de rosier dont la fleur épanouie est décorée en son centre d'un saphir.

- la Chambre du Pape

La Chambre du Pape est située au coeur de la Tour des Anges, entre la Chambre du Camérier et le Trésor Haut, qui contient une partie du trésor et la Bibliothèque. Cette chambre est divisée par des cloisons mobiles. En général, le pape y dort avec les Cubiculaires, qui assurent son service. Il peut également y donner des audiences particulières. La salle est ventilée par une ouverture en hauteur, près de la cheminée d'angle, et éclairée par 2 fenêtres qui sont simplement garnies de toiles enduites de cire, tendues sur des châssis de bois, parfois peintes de motifs décoratifs. Les comptes qui mentionnent à plusieurs reprises des paiements à des peintres verriers, se rapportent uniquement aux chapelles et aux salles affectées aux cérémonies.

Les meubles datent de la fin du (XIVème siècle) et du (XIème siècle) et ne proviennent pas du palais. Sous Clément VII, la salle est meublée d'un lit à courtines de velours cramoisi et de taffetas émeraude, d'une chaire, d'une table, d'escabeaux et de plusieurs coffres disposés le long des parois, renfermant le linge à l'usage du pontife. Les Papes aimant beaucoup les oiseaux, on trouve parfois dans leur chambre des Rossignols en cage. Au dessous du plafond, dont seules 4 poutres sont d'origine, court une frise en quadrilobes, aux motifs illisibles. Aux murs, sur un fond bleu, s'entrelacent d'amples rinceaux de vigne et de chêne, parsemés d'oiseaux et d'écureuils.

C'est peut-être entre (1336) et (1337) que ces décors ont été exécutés. Mais la datation et l'attribution de ces peintures sont controversées. On peut émettre l'hypothèse qu'une partie des décors a été exécutée par un atelier Français dirigé par Jean d'Albon. En effet, l'espace pictural abstrait et l'absence d'effet de perspective se rattachent à la tradition Française. Par contre, le registre supérieur des murs et surtout les motifs des ébrasements de fenêtres, exécutés non pas schématiquement mais vus en perspective dans un espace réel, sont de tradition Italienne.

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