retour
Glossaire - Biographies
Les Moniales - Chronologie - L'Ordre - Introduction
Règles - le Flou Monastique - Pérennis

- Plan de Saint Gall

Le plan de St Gall commence véritablement son histoire quand se tinrent à Inden, près d'Aachen, Aix la Chapelle, 2 synodes, le 1er en juillet (817) et le 2ème en décembre (818). Les abbés venus de toutes les régions de l’Empire Carolingien s'y réunirent pour codifier l'organisation monastique et cléricale. Le fameux plan de St Gall est une parfaite synthèse de l'organisation monastique décidée probablement à Inden. Copie parmi d'autres ou véritable original, on ne le sait. L'original est à la bibliothèque de l'abbaye Stiftsbibliothek Sankt Gallen. Il s'agit d'une pièce unique, seul croquis architectural subsistant d'une période de (7 siècles) allant de la chute de l'Empire Romain jusqu'au (XIIIème siècle). Ce plan est donc considéré comme un trésor National en Suisse, et demeure l'objet d'un fort intérêt de la part des historiens, architectes, et artistes pour son caractère unique, ses qualités esthétiques et sa signification culturelle. Ce que l'on sait de manière certaine, c'est qu'il fut envoyé à Gozbert, abbé de St Gall, de (816) et (836), par Heito (836), évêque de Bâle de (802) à (823) et abbé (806)-(823) du couvent de l'île de Reichenau-Mittelzell, située sur le lac de Constance, pour servir de modèle à la nouvelle abbaye que projetait alors de reconstruire Gozbert, ce qu'il mit en pratique vers (830), sans reproduire exactement le modèle.

Dessiné sur 5 peaux de parchemins cousues, tracé à l'échelle et accompagné d'une légende, cet exemplum modèle, fut respecté dans les grandes lignes et deviendra le type idéal de l'abbaye pour plusieurs siècles. Le manuscrit de St Gall est le plus grand manuscrit connu de son époque, 1m,123, 0m,78 environ. Son encombrement ne lui aurait sûrement pas permis, comme tant d'autres sans doute, de nous parvenir, si un moine du (XIIème siècle) n'avait eu la bonne idée de copier une vie de St Martin de Sulpice Sévère, sur le dos vierge du manuscrit, qu'il a ensuite plié en feuillets de taille convenable pour la lecture. Le manuscrit fut toujours conservé à St Gall, à l'exception d'un épisode d'invasion Magyare en (926), date à laquelle il fut quelques temps conservé à l'abbaye de Reichenau, qui entretenait avec l'abbaye de St Gall des rapports privilégiés depuis longtemps.

Peut être que 2 scribes, ou 3, ont travaillé à ce manuscrit. Le 1er d'entre eux utilise une encre brun sombre pour rédiger 265 des 340 légendes en minuscule caroline. Le 2ème utilise une encre brun pâle pour, entre autres choses, lister le nom des autels de l'Abbatiale et faire des additions aux légendes attachées à la maison de l'Abbé. Bischoff pense que ce scribe était un moine de l'abbaye de Reichenau. Ce qui fait penser à un 3ème homme, c'est que les lignes tracées pour chaque monument, à l'encre d'un brillant vermillon, ont été exécutées par une main experte, sans l'aide des outils classiques pour ce travail. Peut être est ce la même main qui esquissa les plans des églises primitives de Terre Sainte, contenu dans le Codex Rhenaugensis LXXIII, conservé à la bibliothèque centrale de Zürich. Ce n'est peut être pas un hasard si le manuscrit fut composé à Reichenau à la même époque que le plan de St Gall, et si, comme lui, il utilise les mêmes teintes et la même technique. Malgré ces incertitudes, le plan de St Gall reste un document exceptionnel sur la vie médiévale. L'absence de chauffage dans la salle à manger, par exemple, n'est peut être pas un hasard mais pouvait très bien être destinée à empêcher les moines de trop apprécier les repas. En estimant la population totale de 120 à 150 personnes, moines, invités et visiteurs, le nombre de toilettes était meilleur que ce que prescrivent les règles actuelles d'hygiène. La dédicace à Gozbert est écrite dans la marge.

- Dédicace à Gozbert

Plan Dédié à Gozbert Abbé de St Gall entre (816) et (836) ;

"Pour toi, mon cher fils Gozbert, j'ai tracé cette copie brièvement annotée des bâtiments monastiques, grâce à laquelle tu pourras exercer ton intelligence et reconnaître ma dévotion, et je veux croire que tu ne me trouveras pas paresseux lorsqu'il s'agit de satisfaire ta bonne volonté. Ne me soupçonne pas d'avoir pris cette tâche à la légère, mais sache plutôt que j'ai dessiné ceci par amour de Dieu et pour ton regard seul."

Notons au passage que déjà, au (VIIème siècle), Théodore de Tarse entreprit d'imaginer un modèle pour les monastères bénédictins, appelé plan de Cantorbéry, ce dernier eut en tout cas moins de succès que celui de St Gall. Sans être fait de manière strictement rigoureuse, le plan St Gall a été conçu de manière très symbolique, sorte de céleste géographie où les hiérarchies sont respectées. L'espace le plus sacré est au centre, avec la maison de Dieu qui est l'église et le lieu de communication avec le divin qu'est le cloître. Contre ses flancs, sur une ligne qui passe par le lieu où Dieu se révèle, l'espace liturgique de l'autel, sont placées les demeures de ceux qui ont donné pour lui leur vie, l'abbé d'un côté, la communauté des moines de l'autre. Au Nord, on trouve en grande partie une aire de passage, imparfaite, représentée par les maladies, infirmerie, maison des saignées, les novices, venant à peine de quitter le sicle, et la mort le cimetière, plus à l'Est, dans l'espoir de la résurrection, alors qu'à l'Ouest sont accueillis les hôtes, symboliquement plus attachés au siècle, avec 2 entrées séparées selon la qualité des hôtes, commune ou honorés. Notons enfin, que le plan comporte 49 planches qui figurent toutes dans le Capitulaire de Villis.

- Le plan du Monastère

L'apparence générale du couvent est celle d'un bourg de maisons indépendantes séparées par des rues. Il est très clairement construit en respectant la règle Bénédictine qui préconisait que le monastère englobe l'ensemble des activités économiques, religieuses et sociales indispensables à la vie quotidienne. Il devait comprendre "un moulin, une boulangerie et des écuries", le tout réuni à l'intérieur de l'enceinte afin que les moines aient le moins souvent possible le besoin d'en sortir. La disposition générale de l'abbaye bénédictine peut être décrite ainsi, l'église et son cloître au Sud occupent le centre d'une aire quadrangulaire d'environ 130 mètres de côté. Les bâtiments sont disposés en groupes, comme dans tous les grands monastères.

L'église, en tant que centre de la vie religieuse de la communauté, en forme le noyau. A côté de l'église, sont disposés les bâtiments dédiés à la vie monastique et à la vie quotidienne des moines le réfectoire pour se restaurer, le dortoir pour se reposer, la salle commune pour les relations sociales, le chapitre pour prier. Ces éléments essentiels de la vie monastique sont organisés autour d'une cour et d'un cloître, lesquels sont entourés d'une galerie couverte permettant de se déplacer entre les bâtiments tout en restant à l'abri des intempéries ou du soleil. L'infirmerie pour les moines malades, la maison du médecin et le jardin médicinal se trouvent à l'est. Dans le même groupe de bâtiments que l'infirmerie, on trouve l'école des novices. L'école extérieure, avec la maison de son maître sur le mur opposé de l'église, se trouve en dehors de l'enceinte du couvent, à proximité immédiate de la maison de l'Abbé qui peut ainsi avoir un oeil constant sur eux.

Les bâtiments destinés à l'hospitalité sont divisés en 3 groupes, un pour la réception de personnalités importantes, un pour les moines visitant le monastère, et un dernier pour les voyageurs pauvres et les pèlerins. Le 1er et le 3ème sont placés de chaque côté de l'entrée commune du monastère, l'hôtellerie pour les visiteurs importants étant quant à elle située contre la face Nord de l'église, non loin de la maison de l'abbé. L'hospice destiné aux pauvres est contre la face Sud, près des bâtiments de la ferme. Les moines en visite sont logés dans une maison> construite contre le mur Nord de l'église.

Le groupe des lieux destinés aux nécessités matérielles de l'établissement concerne les parties Sud et Ouest de l'église, et ces bâtiments sont très nettement séparés des bâtiments monastiques. On accède aux cuisines et aux salles de travail par un passage situé à l'extrémité Ouest du réfectoire. Ces pièces sont reliées à la boulangerie et à la brasserie, placées encore plus loin. Les ailes Sud et Ouest sont dévolues aux ateliers, aux écuries et aux différents bâtiments agricoles. A quelques exceptions près, les bâtiments semblent avoir été érigés en une seule fois, et tous, à l'exception de l'église, étaient en bois. L'ensemble était constitué de 33 blocs séparés.

Haut de page