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- Qui fut le Premier Cistercien ?

La réponse spontanée à cette question est Robert de Molesme, même si certains optent plutôt pour Etienne Harding. On évoque très souvent Bernard de Clairvaux, bien que son rôle dans la fondation de l'Ordre soit moins important que la renommée dont il jouit. Il nous faut évoquer le Pape Grégoire le Grand (590)-(604), dont les idées et les écrits ont contribué pour beaucoup à la pensée et à la spiritualité de l'Ordre Monastique fondé presque (V siècles) après sa mort. Le but de l'Ordre de Cîteaux ne fut pas de proposer une nouvelle spiritualité, mais de revenir aux sources d'une ancienne spiritualité, celle de la Règle de St Benoît vers (480), et vers, (546)-(550),et avant Benoît, des Pères du Désert qui, d'après les fondateurs Cisterciens, avait été altérée et était devenue inopérante. Ils désiraient revenir à la Règle dans ce qu'ils pensaient être son interprétation la plus pure et la plus stricte, en la dépouillant de tous les éléments superflus qui étaient venus s'y greffer au cours des Siècles.

- Le Monachisme Occidental
et St Benoît

Dans la Règle, le Coeur de la vie monastique est l'accomplissement de l'Opus Dei, l'Oeuvre de Dieu, qui comprend en premier lieu la célébration des 8 offices Liturgiques 7 le Jour et 1 la Nuit qui rythment la journée monastique. En dehors des Offices, les moines sont occupés par le travail, la lecture, le repas ou le sommeil, car Benoît, qui avait appris des Pères du Désert que, l'oisiveté est ennemie de l'âme, considérait qu'il était imprudent de laisser un quelconque moment libre. Cependant, malgré la sagesse et les qualités humaines qu'elle renferme, la Règle ne commença à se développer réellement que (II siècles) après sa rédaction, grâce à Charlemagne, vers (742)-(814) et à son Fils, Louis le Pieux (778)-(840).

L'année (910), date de la fondation de Cluny, près de Mâcon, dans le Sud de la Bourgogne, marque le début d'un renouveau du Monachisme Occidental. Cluny représentait une tentative courageuse, et réussie, de remonter la mauvaise pente et de redonner à la vie Monastique l'esprit véritable de la Règle de St Benoît. Toutefois, malgré ses Abbés, sa Piété, sa Dévotion à la Règle, sa stricte observance et sa rigueur , qui contribuaient à faire de la réforme Clunisienne un exemple pour tous les autres Monastères, Cluny était, par certains aspects, tout le contraire de l'idéal Cénobitique du Désert. Au fil des années, des dons fréquents et généreux avaient afflué. La grande Eglise dépassait en splendeur et en dimensions tous les édifices de l'époque. La liturgie était longue et très développée. Enfin les Abbés, puissants et respectés, étaient trop impliqués à l'extérieur de la clôture, dans le siècle. Nombreux étaient donc les Moines et les Abbés de l'époque qui manifestaient leur mécontentement. Les (XIème siècle) et (XIIème siècles) ont été marqués par différents mouvements qui voulaient appliquer une Observance plus stricte de la Règle de St Benoît ou revenir aux idéaux oubliés du Désert. Bruno de Cologne fonde la Chartreuse alors que l'on assiste à la naissance des Grandmontains, des Prémontrés, des Gilbertins, de la congrégation de Savigny et de bien d'autres.

- Molesme et la fondation
de Cîteaux

Le mouvement fut également à l'origine de l'Abbaye de Molesme, en Bourgogne, fondée en (1075) par St Robert. La nouvelle Abbaye, fondée sur des terres offertes par Hugues, Seigneur de Maligny, connut un succès retentissant. Une quinzaine d'années après sa fondation, Molesme ressemblait à n'importe quelle Abbaye Bénédictine prospère de son époque. Cela n'était pas du goût de Robert qui quitta l'Abbaye, fut contraint d'y revenir, puis devant l'impossibilité d'arriver à un compromis, se rendit auprès de Hugues de Die, Archevêque de Lyon pour lui proposer l'établissement d'une nouvelle fondation. Il obtint la bénédiction de l'Archevêque, et c'est ainsi que dans les 1ers mois de l'année (1098), accompagné de 21 Moines, il quitta Molesme pour s'installer dans la vallée de la Saône, à 22 kilomètres au Sud de Dijon.

Au départ, la nouvelle fondation était simplement appelée, le Nouveau Monastère, puis en (1119) elle prit le nom du site qui l'avait accueillie, Cîteaux. Suite au retour de Robert à Molesme à l'automne (1099), l'Abbatiat du nouveau Monastère fut confié à Albéric et à sa mort, le 26 Janvier (†1109), l'Anglais Etienne Harding prit sa succession. Etienne était un homme lettré et érudit, un habile organisateur et un administrateur expérimenté qui entretenait en outre d'excellents rapports avec les nobles Seigneurs des environs. Sous son Abbatiat 4 Abbayes Filles virent le jour, entre (1113) et (1115), et c'est à partir de ce moment que nous pouvons vraiment parler de la fondation d'un Nouvel Ordre. En (1113), alors qu'on entreprenait la fondation de la 1ère Abbaye Fille, La Ferté sur Grosne, un jeune homme de noble famille appelé Bernard arriva à Cîteaux, en provenance de Fontaine lès Dijon. En (1114), une 2ème Maison fut établie à Pontigny, avec à sa tête Hugues de Mâcon, un des compagnons de Bernard. L'Abbaye de Clairvaux, dont le 1er Abbé fut Bernard alors âgé de 25 ans, et l'Abbaye de Morimond, près de Langres furent toutes 2 fondées en (1115).

Chaque nouvelle Maison devait être économiquement indépendante, mais avait des comptes à rendre à l'Abbaye qui l'avait fondée. L’exemption de la juridiction épiscopale permit à l’Ordre de Cîteaux de mettre au point 2 Institutions qui fit sa force; le système de visites des Abbés Pères et le Chapitre Général annuel. L'Abbé Père devait visiter une fois par an ses Abbayes Filles pour s'assurer de leur bon fonctionnement. Cette procédure n’est pas entièrement originale puisqu’elle remonte aussi aux origines de l’Ordre de Vallombreuse, mais l’inspiration vient évidemment de la Convention entre Molesme avec Aulps signée en (1097), sous l’Abbatiat de Robert, le fondateur de Cîteaux.

L'Ordre Cistercien se caractérise par une organisation arborescente. Cîteaux est le tronc principal d'où partent 4 Branches Mères; La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond. Chaque Monastère était comme un nouveau Rameau sur une Branche Mère et pouvait à son tour fonder des Abbayes, mais ces dernières seront toujours rattachées à l'une des 5 lignées primitives. Chaque Abbé devait se rendre chaque année au Chapitre Général autour de la Fête de la Ste Croix 14 Septembre et à la suite desquels des statuts étaient promulgués. Depuis la fin du (XIIème siècle), le Chapitre était assisté par un comité de définiteurs nommés par l’Abbé de Cîteaux, le Définitoire.

Notre connaissance des origines de Cîteaux vient de ce que nous conservons plusieurs Textes Primitifs réunis ou non en Constitutions Cisterciennes ou Livre des Usages. Il s’agit d’abord de textes historiques, l’Exordium Cistercii ou l’Exordium Parvum, qui justifie la sortie de l’Exordium par les Cisterciens du Monde Bénédictin et d’un texte constitutionnel, la Carta Caritatis. La confirmation de cette dernière par le Pape Calixte intervint en (1119), mais on la connaît sous 3 Recensions différentes, la Carta Caritatis Prior, la Summa Cartae Caritatis et la Carta Caritatis Posterior. A ces textes sont associés les Capitula et les Instituta, Compte Rendus des Sessions du Chapitre Général, que l’on révisa entre (1147) et (1151), en vue de l’approbation Papale en (1152), soit (33) ans après l’approbation du Pape Calixte. Les Instituta Capituli Generalis Primitifs, amendés et complétés sur certains points chaque année, feront l’objet de sommes ou Livres de Définitions. Enfin les Ecclesiastica Officia et les Usus Usus Conversorum, les Coutumiers de l’Ordre, règlent des détails domestiques, les 1ers à l’usage des Moines, les 2èmes à l’usage des Convers.