Les Trianons et le Hameau de la Reine
retour
Glossaire - Biographies
Louis XIV - Louis XV - Louis XVI - Contemporaine
Intérieur - Le Parc - Gd Trianon - Pt Trianon - Hameau

- Les dépendances

Trianon, nom de 2 châteaux, du Palais de Versailles situés dans sont parc. Le Grand Trianon fut construit en (1697) par Hardouin Mansart, sur l'ordre de Louis XIV qui entendait s'y délasser des fastes de la cour, il remplaça le Trianon de Porcelaine édifié par Le Vau en (1670). Le Petit Trianon (1762)-(1768), bâti par Gabriel pour Louis XV, fut surtout occupé par Marie Antoinette. Le charme de Trianon réside dans son décor de fleurs que l'on trouve aussi bien dans les boiseries et dans les peintures que dans les parterres. La galerie des Cotelle réunit des vues des bosquets de Versailles qui se prolongent par les échappées sur les jardins alentour : salle des Marronniers, jardin des Sources, jardin du Roi. Ce sont autant de lieux de promenade ponctués de sculptures et de fontaines réalisées pour ces moments privilégiés de la vie du Monarque.

Le "Hameau de la Reine", création de Marie Antoinette, construit par Mique en (1783) et (1785), il comprenait 12 maisons, la Laiterie de propreté, la Tour Marlborough, sous laquelle se trouve la Pêcherie, la Laiterie de Préparation, la Grange qui servait de salle de bal, n'existe plus, la Maison du Garde, le Colombier, la "Maison de la Reine", le Boudoir, le Moulin à Eau, le Réchauffoir, et la Ferme, située en retrait, est aujourd'hui en partie détruite.

- Le Grand Trianon

Le Roi Louis XIV fera raser le village de Trianon afin d'y construire, une maison à aller faire des collations. Ce caprice Royal de Versailles, comme plus tard Marly, permettra au Roi de fuir les fastes du château voisin et de se retrouver en famille. Construit en (1670) par Louis Le Vau, le Trianon de Porcelaine sera habillé de faïences bleues et blanches, à la Chinoise. Il comprendra un "Pavillon Principal" et 4 "Pavillons Secondaires".

Hardouin Mansart sera chargé de la construction du Trianon de Marbre en (1687), à l'emplacement des anciens bâtiments qui seront détruits. Il dessinera un, "Petit Palais" de marbre et de porphyre avec des jardins délicieux, en respectant les indications de Louis XIV très impliqué dans le projet. Ce dernier sera à l'origine de la loggia réunissant les bâtiments du Nord et du Midi, ouverte sur le jardin par une colonnade, abusivement qualifiée de péristyle par le souverain.

Conçu comme un hôtel à la Française, entre cour et jardin, ce "Petit Palais" d'un seul niveau est très influencé par l'architecture Italienne. Le toit plat est dissimulé par une balustrade autrefois agrémentée de figures allongées, de groupes d'enfants et de vases. Les façades, en pierre blonde sculptée sont ornées de pilastres de marbre du Languedoc.

L'entrée de la cour comprend, un saut de loup, et une grille assez basse pour dégager la perspective. L'aile latérale gauche est bordée par la cour des Offices et celle de droite, plus importante pour protéger du froid les fleurs du parterre haut, le "Jardin du Roi". L'aile du Nord est prolongée, en retour d'équerre, par le Trianon sous Bois réservé au chef de l'Etat depuis Charles de Gaulle. Louis XIV y logera sa belle soeur, la Princesse Palatine, son gendre, le duc de Chartres, sa fille, la duchesse de Bourbon. Louis Philippe l'attribuera à son fils Cadet et le "Tsar Pierre le Grand" y logera en (1717).

Le palais, occupé par Napoléon entre (1805) et (1815) qui le remeublera, sera ensuite désaffecté. De Gaulle prendra l'initiative, en (1963) de le remettre en état afin d'y héberger les hôtes de la République. Les glaces, les parquets seront soigneusement restaurés, les soieries, les rideaux, les tapis ont été retissés à l'ancienne. Les peintures, dispersées en (1791), seront replacées. Les appartements, qui ont conservé leur décor de l'époque de Louis XIV, renferment aujourd'hui le mobilier mis en place à l'époque de Napoléon Ier.

- Le Petit Trianon

Enfant, Louis XV disait, j'aime tant Trianon, il s'agissait alors du Grand Trianon. Dans les années (1750), madame de Pompadour le ramène en ces lieux. Le Roi aime se promener en sa compagnie à la nouvelle Ménagerie, dans le jardin botanique et dans les serres que Bernard de Jussieu, le célèbre savant, vient d'y installer. Au retour de ces promenades, il s'arrête dans le "Pavillon Nouveau" érigé au centre du jardin Français pour y classer ses herbiers ou prendre une collation de lait et de fraises, ou pour un souper dans le salon frais. A partir de (1763), cédant aux arguments de madame de Pompadour et de son frère Marigny, il commande un Nouveau château, le "Petit Trianon dont la construction s'achève en (1768), Madame de Pompadour décédera 4 années avant son achèvement. Le "Petit Trianon" sera édifié par l'architecte Gabriel. Ce bâtiment carré d'un étage surmonté d'un attique couronné par une balustrade construit sur un soubassement et ouvrant sur une cour bordée par une chapelle, lancera le "Néo Classicisme". Ce retour à l'Antiquité, inspiré par les découvertes archéologiques de Pompéi et d'Herculanum, tournera le dos au baroque rocaille très en vogue dans les années (1760). Le décor des 4 façades est orné de pilastres et de colonnes Corinthiennes. Le Palais sera occupé par la favorite suivante, Madame du Barry.

Louis XVI l'offrira à la Reine Marie Antoinette, qui le dotera d'un jardin Anglais dessiné par Hubert Robert. Elle confiera à l'architecte Mique, entre (1783) et (1786), la construction d'une exploitation agricole à proximité, appelée le "Hameau de la Reine", dans le goût du retour à la nature et des bergeries du temps. Ce fut le lieu de prédilection de Marie Antoinette, Louis XVI le lui offrit en cadeau en (1774), pour son accession au trône. Il lui en aurait remis symboliquement la clef, avec un ruban orné de 530 diamants. La Reine aménagea le parc à son goût en 2 phase. En 1er lieu, elle fit créer un jardin Anglo Chinois par l'architecte Richard Mique aidé du peintre Carmontelle, d'après les dessins du Comte de Caraman. Les serres scientifiques installées sous Louis XV furent détruites, pour disposer de la surface. Mique construisit vers (1776)-(1778) le temple de l'Amour, et, en (1781), le Belvédère. Ce dernier, ou salon de Musique, et un "Petit Pavillon" classique d'une élégance parfaite qui domine le lac.

Cet ensemble est situé à l'arrière du Petit Trianon. Le rocher, d'où jaillissait la cascade alimentant le lac et dans le volume duquel s'inscrit la grotte de la Reine, serait du à Robert. Le temple est sur une île formée par les bras des canaux, il est orné d'une antérieure de Bouchardon "l'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule". On trouvait également entre le Petit Trianon et le lac supérieur un jeu de bagues au décor Chinois, qui a disparu. L'ensemble du parc du Petit Trianon comptait des arbres magnifiques, particulièrement mis en valeur sur la pelouse rejoignant le Hameau. La Reine y restait la plus grande partie de la belle saison, écrit la Baronne d'Oberkirch en (1782). Rendue rapidement impopulaire par des intrigues la concernant, entre autres par la célèbre affaire du Collier, elle était sans cesse en quête de calme, d'isolement et d'intimité. Habituée au cérémonial simple des palais Autrichiens, la Reine supportait mal les contraintes de l'étiquette Versaillaise, et dans ce petit coin de paradis, elle rêvait de son Autriche Natale.

- Le Hameau de la Reine

L'architecte, Richard Mique, sera également responsable, à partir de (1783), de la construction du Hameau, situé au nord du Jardin, sur des terrains concédés par Louis XVI. Il subsiste aujourd'hui 12 maisonnettes disposées autour d'un lac artificiel. L'ensemble forme un petit village digne d'un décor d'opérette. La souveraine désignera un fermier. La production alimentera modestement les cuisines du Château, des montagnes assez hautes, un grand rocher et une rivière. Jamais 2 arpents de terre n'ont tant changé de forme, ni coûté tant d'argent, s'exclame, furieux, le Duc De Croy en (1780). Marie Antoinette a tout transformé pour créer son jardin Anglais. Son architecte, Richard Mique, y construit de (1776) à (1783) un jeu de Bague Chinois, un Temple de l'Amour, le pavillon du Rocher, un théâtre, puis le Hameau. Réceptions et illuminations nocturnes s'y succèdent, recréant au Trianon de la Reine l'esprit de fêtes des 1ères années de Versailles.

La maison de la Reine, qui se dresse à droite, est la plus importante du Hameau. Elle comprend 2 bâtiments distincts reliés par une galerie en bois. Ce passage est décoré avec des pots de fleurs portant le monogramme gravé de Marie Antoinette. La Reine pouvait superviser les travaux des champs, du haut de sa galerie. Le bâtiment comprend, au rez de chaussée, une salle à manger et un salon de Jeux. Le 1er étage abrite un grand Cabinet, un petit Salon et un Cabinet Chinois. La Maison du Billard, sur le flanc gauche, héberge le billard au rez de chaussée. Le 1er étage forme un petit appartement.

Le reste du Hameau est composé du Moulin à Eau, du Réchauffoir, du Boudoir, du Colombier, de la Maison du Garde et de la Grange. Cette dernière, qui pouvait servir de salle de Bal, n'existe plus. La Tour de Marlborough, qui domine de lac, possédait une Pêcherie dans le soubassement. La ferme, située en retrait, est aujourd'hui en partie détruite. L'architecture à la Grecque est alors la dernière mode. Anges Jacques Gabriel réalise ici son chef d'oeuvre. Sobriété, richesse raisonnée de l'ornement, ordre et perfection caractérisent cette nouvelle manière de bâtir. La rupture avec le style rocaille se retrouve à l'intérieur, en particulier dans le décor de boiseries d'une élégance exceptionnelle. Pour préserver l'intimité de la Souveraine et satisfaire son goût du naturel, rien n'est épargné. Un boudoir est doté d'un ingénieux mécanisme de glaces mouvantes, de nouveaux meubles, chefs d'oeuvre d'ébénisterie et de menuiserie célèbrent par leur décor les fleurs et les moissons.

Ce cadre du village de la Reine est idyllique, il mêle avec habileté bois profonds, ruisseaux bondissants, champs de seigle ou de blé, parsemés de bosquets fleuris, d'arbres rares, de petits potagers ou encore de vergers. Cette énorme diversité arboricole est essentiellement due à Louis XV. Amoureux de botanique et de nature, il fit amener à Versailles de nombreuses espèces d'arbres rares venant des pays chauds et introuvables sur notre continent. Les maisons à colombage couvertes de chaume sont entourées de jardinets plantés de choux, de choux fleurs et d'artichauts. Par souci de pittoresque, les bâtisses apparaissent vétustes en revanche, leur aménagement intérieur est extrêmement raffiné avec un mobilier comparable à celui du château. C'est au milieu de cet unique décor que la Reine de France se plaisait à jouer à la Fermière au bon souvenir de son Autriche natale.

Cinq maisons lui sont en permanence destinées ainsi qu'à son entourage, la maison de la Reine qui abrite une salle à manger et des salles de jeux réunies au billard par une magnifique galerie de bois, le boudoir, le réchauffoir et le moulin. Une véritable exploitation agricole est organisée dans les autres bâtiments. Selon le désir de la Reine, des animaux venus de Suisse y sont élevés, vaches, taureau, veaux, chèvres, moutons et un bouc blanc et pas méchant. Les produits laitiers fabriqués dans la laiterie de préparation détruite sous le "Premier Empire" tout comme la grange sont goûtés par la Reine dans la laiterie de propreté. Point de départ des promenades en barque sur le lac, la Tour de Malborough abrite le matériel utilisé pour la pêche au brochet ou à la carpe.

La Reine était une inconditionnelle du lieu, s'y rendant dès que possible pour s'isoler avec ses progénitures, s'aérer l'esprit des contraintes de la cour avec de très longues balades ou encore s'amuser avec ses intimes ou ses amis proches. Elle n'hésitait pas parfois à se vêtir de modestes toilettes de campagne, tout comme une ordinaire Châtelaine sur ses terres.

Véritable contraste avec les frivolités et les fastes de son quotidien, "le hameau de la Reine" n'a été conçu et utilisé que par et pour Marie Antoinette, afin de lui apporter tout le calme et la plénitude qu'elle désirait. Jusqu'au jour où les Sans Culottes vinrent la chercher dans son paradis enchanteur, alors qu'elle contemplait, comme à son habitude, la "Grotte de son hameau".

Haut de page